Pour les prochains jours, la météo est très clémente et le soleil ne nous quittera (pratiquement) plus.
14 à 18° tous les jours mi octobre, on ne se plaint pas !
Comme nous avons parcouru la ville essentiellement à pied, je vous propose une présentation par quartier.
Nous allons continuer à découvrir le quartier du Triangle d'or parcouru lors de mes deux premiers billets et celui de l'île Spasski, bordé à l'est par la grande Nevski Prospekt, la grande avenue commerçante de la ville.
Notre hôtel se situe à l'extrême est du Triangle d'or, c'est pourquoi, dès que nous partons visiter la ville, nous traversons à plusieurs reprises ce quartier.
Ainsi, nous commençons la balade en traversant de très beaux canaux. Les couleurs des arbres sont chatoyantes et le contraste entre le bleu du ciel et de l'eau et les couleurs d'automne nous enchante.
Après une quinzaine de minutes, nous arrivons à la Basilique de la Transfiguration du Saint Sauveur du sang versé. Quel nom !
"Du sang versé " Car c'est dans cette basilique que le tsar Alexandre II a été assassiné en 1881. Pourtant, ce tsar n'était pas le plus mauvais. Il avait aboli le servage.
Pour rappeler la mémoire de son père, Alexandre III fit construire une basilique à l'endroit où son père fut assassiné. La construction dura 24 années.
Avec ses bulbes, ses kokochniks et ses colonnettes, l'édifice donne un côté joyeux.
C'est l'un des exemples les plus éclatants du style néorusse.
Fermée dans les années 30 par le régime communiste, l'église a servi d'entrepôt de légumes et de décors d'opéra et de ballets jusque dans les années 1970. Durant le siège de Léningrad de 1941 à 1944, la basilique servait de morgue de la ville.
Après 27 années de restauration dont 14 uniquement pour les mosaïques, elle a ouvert à nouveau ses portes le 19 août 1997.
A l'intérieur, je suis immédiatement surprise par les fresques colorées et la richesse des ornements. 7000 m2 de mosaïques couvrent les murs et le plafond. Les mosaïques ont été réalisées en 12 années selon un principe révolutionnaire qui a permis de gagner du temps et de l'argent : les mosaïques étaient préparées en atelier sur un dessin avec un calque. Cela s'appelle la technique de la pose indirecte.
L'iconostase est impressionnante. Réalisée en marbre sculpté venu d'Italie, en rodonite et en jaspes de différentes couleurs.
La porte centrale est de toute beauté avec ses incrustations de pierres.
Cette partie est en jaspe rose. Quelle couleur !
Je n'en n'ai jamais vu. C'est une pierre dure de l'Oural.
Voici l'endroit précis où le star a été tué. Nous sommes au bord du canal, côté ouest et cette partie a été intégrée à la basilique. Une portion du pavement du quai et une partie de la balustre du canal, imprégnés du sang de l'empereur y sont conservés.
Nous sommes passés à plusieurs reprises devant cette basilique et, l'extérieur vu de nuit est aussi très bien mis en valeur.
Nous nous dirigeons près du palais d'hiver, le long de la Néva. Nous sommes face à l'Amirauté. Construite en 1806, on aperçoit sa flèche de loin. De style néoclassique (c'est pour Girlymamie et son superbe blog d'architecture ), l'amirauté fit office de Ministère de la Marine et de chantier naval. Aujourd'hui elle abrite l'Ecole Supérieure de la Marine de Guerre.
A deux pas de là, la cathédrale Saint Isaac se présente à nous avec ses dimensions colossales. C'est une des plus grandes cathédrales du monde et la 3ème après Saint-Pierre de Rome et Saint Paul de Londres. Elle fut construite sur les plans d'un architecte français, Auguste de Montferrand. Illustre inconnu, il devint par la suite architecte de la Cour.
Nous commençons par monter juste au niveau du début de sa coupole pour bénéficier d'une très jolie vue sur la ville.
Le palais d'hiver au loin.
Le palais Marie
Nous redescendons et pénétrons dans la cathédrale. Les travaux de décoration débutèrent en 1841 et durèrent 7 années.
Les portes massives en bronze rappellent celles du baptistère de Florence.
Nous ressortons. Sur le côté, voici l'hôtel Astoria. Edifié en 1911, il combine le style Art Nouveau et néoclassique. A son ouverture, c'était le plus grand et le plus moderne des hôtels de Saint-Pétersbourg avec ses 350 chambres, 10 ascenseurs et 150 salles de bain. Mais avec la Révolution russe de 1917, il changea d'activité et devint le siège des Soviets de Pétrograd (nom de St Pétersbourg à l'époque...)
Oui, j'ai oublié de vous préciser, pour ceux qui n'ont pas suivi l'histoire de Saint Pétersbourg, la ville a changé de nom à plusieurs reprises. Elle s'est appelée Saint-Pétersbourg lors de sa "création" par Pierre le Grand en 1703 (Pierre, Saint-Pétersbourg, vous voyez le rapport ?), puis en 1914 son nom est russifié et elle devient Pétrograd. A cette époque Nicolas II en guerre cotre l'Allemagne , trouve que Saint Pétersbourg (Sankt-Péterburg en russe) sonne trop germanique. A la mort de Lénine en 1924, la ville prend le surnom du révolutionnaire devient Léningrad. Elle a repris son nom initial le 1er octobre 1991 à l'issue d'un référendum. 54,86% des habitants de la ville ont fait ce choix, contre l'avis d'ailleurs de Mikhaïl Gorbatchev.
Nous remontons ensuite en direction de Nevki Prospekt, la grosse artère commerçante (et bruyante) de la ville. Mais en attendant, pas de bruit, le quartier est paisible.
Nous atteignons un des bâtiments que je voulais absolument voir dans ma quête aux bâtiments Art-Nouveau dans toutes les grandes villes que je visite.
"Au pont Rouge" sur les bords du canal de la Moïka ( 73, quai de la Moika), est situé dans le bâtiment « Esders and Scheefhals » construit en 1906 – 1907 par un architecte petérsbourgeois Konstantin de Rochefort.
L’entreprise appartenait à Stefan Esders, un homme d’affaires belge, qui possédait les magasins à Berlin, Paris, Rotterdam et enfin à Saint-Pétersbourg.
Jusqu’au 1919, le magasin « Au pont rouge » était le plus luxueux de Saint-Pétersbourg, la capitale de l’Empire russe.
Après la révolution, le magasin fut nationalisé et devint une manufacture de textile produisant les vêtements pour les hommes. L’entreprise fut baptisée en l’honneur du révolutionnaire V. Volodarsky.
Comme souvent à l'époque pour tout ce qui est chic et de l'univers du luxe, c'est écrit en français.
Nous continuons à flâner le long de la Moïka. C'est vraiment très reposant et très agréable avec ce temps d'été indien.
Nous voilà devant le second bâtiment Art-Nouveau que je voulais voir : Le magasin Singer. Situé sur la Perspective Nevki, le bâtiment de 7000 m2 abritait les bureaux de Singer (fabricant de machines à coudre). Construit entre 1902 et 1904, il abrite aujourd'hui la maison du livre, la plus grande librairie de la ville. La compagnie Singer voulait à l'époque une construction de prestige, qui se voit de loin, pour présenter et vendre ses machines à coudre. Mais selon la loi, les immeubles ne devaient pas dépasser la hauteur de 23,5 mètres. Pour contourner cela, l'architecte décida d'élever un globe au dessus de la coupole. Ce fut aussi le premier bâtiment de la ville à être construit avec une charpente métallique. Il y avait plusieurs ascenseurs et un toit en partie vitré. Celui-ci pouvait être automatiquement nettoyé de la neige en hiver par un mécanisme spécial. L'immeuble a fermé entre 2004 et 2006 pour restauration. La librairie est désormais installée dans une partie du rez-de-chaussée et du 1er étage qui comprend également un restaurant-salon de thé.
Juste en face, l'imposante Cathédrale Notre Dame de Kazan. Edifiée entre 1801 et 1811, elle est plus jolie d'extérieur qu'à l'intérieur.
De nuit, elle est aussi très harmonieuse.
Nous remontons ces Champs-Elysées pétersbourgeois. Que de bruit comme sur toutes les grandes avenues de cette grande ville. Les habitants roulent vite et poussent les rapports de leurs beaux bolides.
Des constructions classiques bordent l'avenue.
Nous nous engouffrons dans une très belle galerie semblable à celle qu'on peut parcourir à Paris ou à Bruxelles. Dommage qu'il n'y ait pas un petit café ou une brasserie pour se poser.
Nous tombons devant une dernière pépite Art-Nouveau que je voulais voir : l'épicerie Elisseïev.
L'immeuble a été construit en 1902-1903, pour les frères Elisseïev. Le magasin vendait des produits coloniaux, des épiceries, des fruits exotiques et toutes sortes de produits de luxe gastronomiques. Le bâtiment contraste par sa grande façade éclairée de vitraux modernes et ses grandes sculptures 1900, par rapport aux façades classiques de la perspective Nevski. Ce bâtiment luxueux attirait une clientèle fortunée.
Il y avait trois grandes salles à l'intérieur, décorées de miroirs et de lampadaires de bronze.
Aujourd'hui c'est un magasin qui vend des produits d'épicerie fine et qui fait salon de thé.
Pour terminer la découverte de ce quartier, je vous invite à la table d'un très très bon restaurant de cuisine russe, Severyanin.
Nous y avons dîner à deux reprises. Le cadre est très cocoon et très russe (comme j'aime), le personnel aux petits soins parle français, la cuisine bonne et bon marché. .......Voire surprenante .....
... comme ce délicieux dessert
Severyanin
Stolyarny Lane, 18
Saint Pétersbourg