Nous sommes arrivés la veille au soir dans cette belle capitale polonaise, tardivement, après une douzaine d'heures de route.
Varsovie a une histoire particulière et émouvante. Ville martyre de la seconde guerre mondiale, Varsovie est inscrite depuis 1980 au Patrimoine mondial de l'Unesco. Avec Coventry, Verdun,Hiroshima, Ypres, Nagasaki, Dresde et Starlingrad, elle est membre de l'association mondiale des villes martyres.
En août 1944, pendant le soulèvement de Varsovie, plus de 85 % du centre historique de la ville ont été détruits par les troupes nazies. Après la guerre, ses habitants ont entrepris une campagne de reconstruction sur cinq ans, avec pour résultat une restauration méticuleuse des églises, des palais et de la place du marché de la vieille ville. C'est un exemple exceptionnel de reconstruction quasi totale d'une séquence de l'histoire (XIIIe-XXe siècle).
C'est donc paradoxal d'aller visiter la vieille ville alors que le quartier quasiment rasé a été entièrement reconstruit. Mais vous le verrez, on a vraiment l'impression de visiter une ville des siècles passés.
Avant de partir visiter le centre historique, un peu d'histoire, récente. En 1939, Hitler envahit la Pologne qui devient allemande. C'est le début des années noires. Dès 1940, la population juive est enfermée dans un ghetto où elle sera soumise aux répressions et à la famine. Un demi millon de personnes vit dans ce ghetto ! Le ghetto se révolte au printemps 1943 alors qu'il ne compte plus que 60 000 habitants. L'insurrection dure 3 semaines. Mais les combattants courageux sont mal armés. En représaille, les nazis vont "nettoyer" le ghetto, maison par maison, exterminer la population et détruire les immeubles.
Au début de l'été 1944, face à l'avancée de l'armée russe, l'armée allemande commence à reculer. La Résistance polonaise s'organise et déclenche une insurrection afin de précipiter la libération de Varsovie et de préserver l'autonomie de la Pologne avant l'arrivée des forces russes. Les résistants se disent que les Russes ne vont pas tarder à arriver. Pendant 63 jours, jusqu'en octobre, ce sont des combats de rue, acharnés, mais les Russes se font attendre. L'insurrection, préparée pour durer une ou deux semaines, est trop longue. C'est un désastre car les Russes positonnés sur l'autre rive de la Vistule, observent mais n'interviennent pas. C'est la stratégie de Staline : en laissant le champ libre aux nazis, il veut anéantir une future opposition politique. Son objectif est clair : avoir le champ libre pour imposer ensuite son régime aux Polonais !
Hitler ivre de vengeance face à cette insurrection, veut rayer Varsovie de la carte du monde. 18000 insurgés et 150 0000 à 200 000 civils vont périr lors de l'insurrection et au total, à la fin de la guerre, 850 000 habitants de Varsovie trouveront la mort ou disparaitront. 2/3 de la population !
Début 1945, les survivants qui rentrent à Varsovie découvrent un champ de ruines et de cendres.
Grâce à l'énergie de toute la population, Varsovie va renaître de ses cendres, en 5 années ! La restauration a été méticuleuse : les églises, les palais, les places......Des tableaux et gravures cachés pendant la guerre, vont permettre de reconstruire à l'identique des rues entières.
Partons maintenant à la découverte de Varsovie la ressuscitée !
Pour visiter la vieille ville entièrement piétonne, vous pourrez aisément vous garer, il y a de nombreux parkings à proximité.
Le centre n'est pas très grand. En une journée vous pourrez la visiter et même y ajouter un ou deux musées.
Allez, on grimpe pour rejoindre la vieille ville
Nous voici au château royal, symbole de la reconstruction.
Figurez-vous que sa reconstruction a débuté dans les années 1970 sous la pression des élites intellectuelles car les communistes n'y étaient pas favorable. La reconstruction de la structure principale et des intérieurs du château ont pris fin en 1988 et les arcades de la cour intérieure ont été achevées dans les années 2000 !
Erigé au 14ème siècle par les ducs de Mazovie, ce château fut remanié en style baroque. il devint le siège des rois de Pologne et de la Diète. A partir de 1918, le Président de la République y séjournera.
Voici la cour intérieure
Sur la place du château, on aperçoit la colonne Sigismond III Vasa. C'est l'un des plus vieux monuments de Varsovie érigé en 1664
Les façades des maisons sont joliment décorées
Nous nous engouffrons dans les ruelles
Nous arrivons à la cathédrale Saint Jean, le principal et le plus ancien lieu de culte de la ville.
Construite au début deu 14ème siècle en style gothique, elle abrite les tombeaux des derniers princes mazoviens
Nous voici sur la plus jolie place de la ville, enfin la plus colorée : la place du marché de la vieille ville.
D'inspiration renaissance et baroque, cette place fut jusqu'au milieu du 19ème siècle, le véritable poumon commerçant, administratif et culturel de la ville.
Difficile d'imaginer que ce n'était que gravas.
Nous partons vers les remparts
Les remparts avaient été démantelés au 19ème siècle. Lors de la reconstruction de la ville, ils ont été à nouveau remontés afin de rendre son charme d'origine à la ville.
Voici l'église Saint Casimir.
De style baroque,elle fut construite entre 1688 et 1692 grâce aux fonds de Jan III Sobieski et son épouse Maria Kazimiera.
Lors de l’insurrection de Varsovie en 1944, l’église hébergeait un hôpital insurrectionnel et un abri pour la population civile. Suite aux bombardements, des centaines de personnes furent mortes ensevelies. Elle fut reconstruite dans les années 1950.
Nous passons devant la statue de Marie Curie, statue dévoilée en juin 2014 par le Président polonais B.Komorowski et le Président français F. Hollande. La statue est située à proximité de la maison natale de Marie Curie, chercheuse franco-polonaise , récompensée par deux prix nobel en physique (1903) et en chimie (1911).
Devant nous, une église en briques, l'église sainte Marie.
Nous arrivons devant le palais Krasinski. Ce palais du 18ème siècle est fermé aux visiteurs.
Au pied du siège de verre de la Cour suprême s'élance le monument à l'Insurrection. Elevé en 1989 à l'endroit où l'armée nationale lança l'assaut contre les nazis le 1er août 1944, il est controversé. Cette sculpture en métal représente les insurgés armés sortant des souterrains pour attaquer les Allemands.
Plus gai, je trouve cette horloge très jolie, très originale et très esthétique.
Voici le tombeau du soldat inconnu gardé par deux militaires. Erigé en 1925, il recèle les cendres d'un soldat inconnu mélangées à de la terre des champs de bataille de la Première Guerre Mondiale. Il commémore les morts qui ont lutté pour l'Indépendance de la Pologne.
Voici le palais présidentiel. C'est dans ses murs qu'en 1955 a été signé le pacte de Varsovie. Ce pacte groupait les pays du bloc de l'Est et l'Union Soviétique dans un vaste ensemble économique, politique et militaire.
Ironie du temps, en 1989, il accueille les premiers pourparlers entre les dirigeants communistes et le syndicat Solidarnosc.
Il est devenu la résidence du Président polonais en 1994.
Par hasard, nous avons vu la relève de la garde. Ca ne plaisante pas ;-)
Nous continuons sur la rue Krakowske Przedmiescie. Le tableau de Canaletto est au premier plan. C'est grâce à ce dernier que la reconstruction à l'identique de cette rue a pu avoir lieu.
Oh, tiens, une jolie Traban, bien colorée !
Nous pénétrons dans l'église de la Sainte Croix. Construite au 17ème siècle, elle a subi les assauts des troupes allemandes pendant l'insurrection et fut détruite.
A l'intérieur, parmi les plaques funéraires, se trouve une urne contenant le coeur de Frédéric Chopin.
Le palais Staszic construit en 1820. Il abrite l'académie polonaise des sciences. Il a servi d'école primaire pour les écoliers des troupes soviétiques.
Cet immeuble tranche. Regardez ces aigles sur les tours.
Ce bâtiment ressemble à celui que nous avions vu à Riga. Il est tout aussi soviétique. Et pour cause : ce palais de la culture et des sciences (comme à Riga) a été "offert" par la nation soviétique à la nation polonaise.
Les Rolling Stones y ont même donné un concert en 1967 !!!!
Après la chute du régime communiste, la question s'est posée de savoir s'il devait être rasé ou non. Et bien non, même s'il est controversé. Il a même été classé monument historique en 2007. Aujourd'hui il abrite trois théâtres, des cinémas, une salle de congrès, une piscine, 2 musées, des bars ....
L'intérieur en marbre. Très soviétique aussi
Je termine ma visite de Varsovie par LA spécialité polonaise : les pierogi, ces gros raviolis farcis au fromage blanc, lardons ou au chou et parfois à la viande....
J'espère vous avoir permis de découvrir cette ville même si ce fut rapide. J'avoue qu'elle m'a surprise. Je ne l'imaginais pas si belle.
Après 3 semaines, il est temps de rentrer à la maison.
J'ai partagé avec vous, avec beaucoup de plaisir, ce périple, ces 21 jours, ces 7200 km et 694 photos sur les plus de 1500 rapportées !!!! Vous y étiez presque....
A bientôt pour de nouvelles découvertes, plus proches mais tout aussi intéressantes