Revenons en France pour découvrir une très belle ville de l'Aisne : Saint Quentin.
Bon, à priori visiter Saint Quentin, ça ne fait pas très sexy. Mais il est des villes qui sont de véritables surprises.
Connue pour sa très belle grand place et sa célébrité locale Quentin de la Tour, Saint Quentin recèle d'autres trésors.
Et oui, Saint Quentin s'est relevée de ses cendres après la première guerre mondiale. Détruite à plus de 70 %, la ville a été reconstruite entre les deux guerres à une période où l'Art Déco était en vogue. Plus de 3000 immeubles de ce style ont vu le jour à Saint Quentin.
Plutôt adepte et grande fan de l'Art Nouveau (mouvement d'avant 14-18), je dois le dire que l'Art Déco ne m'emballais pas beaucoup. Je n'en suis pas super fan.
Après un petit tour à l'office de tourisme pour récupérer le parcours Art Déco et un audioguide, nNous voilà en route pour visiter la ville
L’Art Déco se veut une rupture avec le « désordre de l’Art Nouveau » et un retour à la tradition classique, mêlé d’influences aussi diverses que le cubisme, l’Antiquité, les arts de l’Afrique et de l’Extrême-Orient.
A Saint-Quentin, les architectes ont travaillé pour la reconstruction des demeures de clients aisés, de commerces et d’édifices publics.
Nous entrons dans le hall de la poste. Construite en 1929, de très belles fresques Art Déco ornent l'entrée intérieure.
Le lustre est aussi remarquable
Nous prenons le chemin de l'ancienne criée municipale de la ville. Elle fait partie d’un ensemble avec le marché couvert et les halles de 1892-1893. Le bâtiment a été réalisé en 1928 par Louis Guindez.
Nous continuons et levons les yeux pour découvrir la façade du Carillon, une salle de spectacle et de cinéma, reconstruite classiquement en 1920 puis remise au goût du jour en 1931 par Adolphe Grisel, l’architecte de toutes les salles de spectacle saint-quentinoises de l’Entre-deux-guerres :
Il faut lever les yeux partout tant les édifices sont nombreux en centre ville.
Cette façade est magnifique avec son premier étage à lignes droites, le second à lignes arrondies et le dernier en forme d'ellipse. Les balcons suivent les formes de chaque étage J'adore !
Cette bâtisse au balcon et à la porte très Art Déco recèle une idée très novatrice pour l'époque. Vous avez deviné laquelle ?
Et bien le riche propriétaire de l'époque possédait, ce qui était rare, un véhicule et encore plus rare, il avait décidé de se faire construire le garage en façade ! Monsieur ne lésinait pas sur les moyens.
A quelques mètres, cette autre façade dévoile des motifs floraux et colorés.
Nous voici maintenant sur la place de l'hôtel de ville.
Construit à partir de 1509 dans le style gothique flamboyant, sa façade est plutôt d'influence flamande.
Un hall d'entrée néogothique constitue l'entrée.
Alors, vous allez me dire "Mais ce n'est pas du tout de l'Art Déco ?!" et vous avez bien raison !
Mais montons à l'étage pour visiter la salle du conseil municipal.
Premier indice : le palier
La porte est ouverte.
Les poignées de porte nous apportent un second indice.
La salle du Conseil municipal constitue l’un des plus beaux écrins intérieurs de l’Art Déco saint-quentinois. Elle a été réaménagée en 1925 par l'architecte municipal Louis Guindez dans le style Art déco (classée en 1984). Il a conçu l'ensemble du mobilier de la salle : les bureaux, chaises et lampes de bureau, la lustrerie (appliques et plafonniers), les 41 cartouches en bois des lambris représentant les différents métiers.
Les lampes de bureau des conseillers municipaux illustrent parfaitement la stylisation et la géométrisation des formes végétales développées par l’Art Déco.
L’un des éléments majeurs du décor Art Déco de la salle du Conseil municipal est sans conteste le garde-corps de l’ancienne tribune de la presse. L’équilibre obtenu entre courbes et droites, entre motifs floraux et géométriques, fait de cette ferronnerie un véritable chef d’œuvre Art Déco.
Nous souhaitons terminer la visite "Art Déco" de Saint-Quentin par l'autre bijou de la ville, le Buffet de la gare, mais pour cela, nous devons réserver une visite guidée qui aura lieu le lendemain.
Nous voilà de retour en début d'après midi sur le parvis de la gare de Saint-Quentin.
Elle a un peu changé depuis le début du 20ème siècle.
La marquise Art Déco est de toute beauté mais ce n'est encore rien par rapport à ce qui nous attend à l'intérieur du buffet
Nous nous dirigeons sur la gauche vers le Buffet de la gare. Depuis plusieurs années fermé au public et vidé de son mobilier, ce site exceptionnel de l’Art Déco a été entièrement restauré et a ouvert à nouveau ses portes aux visiteurs depuis juin 2017.
Inscrit au titre des Monuments Historiques, il conserve les magnifiques créations du maître verrier et mosaïste Auguste Labouret : menuiserie en érable gris encadré d’amarante verni au tampon, cloisons constituées de vitraux où se mêlent les verres cathédrale, striés, martelés, dépolis, etc.
Nous voici dans l'ancien hall du Buffet-hôtel.
L'escalier desservait les chambres de l'hôtel.
Voici ce hall en 1929
Une cloison de verre sépare ce hall de la salle du buffet. Auguste Labouret revisite pour cette verrière un motif qu'il a déjà utilisé pour les vitraux de l'escalier de l'hôtel Lutetia à Paris.
On entre dans le buffet et on fait Wouahhhhhhhhh
Les murs en mosaïques de pâtes de verre grises et de tesselles en verre doré !
L’exceptionnel comptoir en béton armé, est drapé de grès cérame, d’opaline et d’émaux de Venise.
Voilà l'envers du décor.
Cette superbe porte à tourniquet donne sur les quais
Pour vous donner un ordre d'idée, voilà cette salle en 1927.
J'espère que vous avez apprécié cette découverte autant que nous. Plus je vois d'Art Déco et plus je l'aime !
Dans quelques billets je vous présenterai Nice Art Déco que j'ai eu la joie de visiter il y a quelques jours.